Un an après l’élan populaire des Jeux paralympiques, l’Agefiph et l’Ifop dévoilent une photographie contrastée de l’inclusion professionnelle des personnes handicapées. Visibilité accrue, oui. Révolution des mentalités, pas vraiment.

Deux tiers des Français reconnaissent que Paris 2024 a amélioré l’image du handicap. Pourtant, l’imaginaire collectif reste figé sur le fauteuil roulant, archétype d’un handicap perçu sous l’angle de la déficience et des obstacles. Les handicaps invisibles, qui représentent pourtant 80 % des situations réelles, restent largement ignorés.

Cette méconnaissance se traduit par une vision réductrice de l’accessibilité : 81 % l’associent d’abord aux bâtiments, loin devant l’accès à l’information ou au numérique.

Malgré des progrès concrets sur l’emploi, l’embauche demeure perçue comme difficile par 76 % des Français, un record depuis 2017. Ce pessimisme touche aussi les premiers concernés : 73 % des personnes handicapées partagent ce sentiment, reflet d’un stigmate intériorisé et d’expériences encore semées d’embûches.

Les TPE apparaissent comme le maillon le plus fragile : peu d’expérience, peu de moyens, donc davantage de craintes. À l’inverse, les entreprises de plus de 20 salariés, soumises à l’obligation d’emploi et mieux accompagnées, se montrent plus enclines à recruter.

L’étude montre un levier puissant : l’expérience directe. Là où un collaborateur handicapé est présent ou où un référent handicap est désigné, l’intention de recruter grimpe fortement. Dans les faits, 80 % des salariés travaillant avec une personne handicapée constatent un quotidien inchangé ou même source d’innovation.

Reste un frein tenace : la peur de l’aménagement du poste, citée en tête par les recruteurs, bien avant les craintes sur la productivité ou l’intégration. Une inquiétude souvent plus symbolique que réelle, nourrie par une vision centrée sur le handicap moteur.

Toutes les formes de handicap ne partent pas avec les mêmes chances. Le handicap auditif est jugé le plus facile à intégrer, loin devant le handicap moteur ou visuel. Le handicap psychique arrive dernier du classement, cible de préjugés persistants et révélateur d’un malaise profond.

La santé mentale, grande cause nationale 2025, s’impose pourtant comme enjeu stratégique : plus d’un tiers des dirigeants affirment avoir déjà lancé des actions (sensibilisation, audit des risques psychosociaux, lignes d’écoute), un mouvement plus visible dans les grandes entreprises que dans les petites.

Au terme de cette 8e édition, l’Ifop résume le paradoxe français :