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Ressources Humaines

Emploi des personnes handicapées : une progression réelle, mais des fragilités persistantes

Publiée le 04 décembre 2025 par Sébastien CITERNE
Les dernières données de la DARES et de l’Agefiph confirment une amélioration continue de l’emploi des personnes en situation de handicap. Le taux d’atteinte de l’OETH progresse nettement, et les dispositifs d’accompagnement montent en puissance. Pourtant, le chômage reste élevé, les entrées en formation reculent fortement, et les petites entreprises, comme certains secteurs, restent à la traîne. Décryptage des forces et faiblesses d’un système en mouvement.
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1. Un taux d’emploi en hausse et une OETH mieux respectée

L’année 2024 marque une étape importante : les entreprises assujetties emploient désormais 720 800 travailleurs handicapés (+3 %) correspondant à 490 400 ETP annuel. Le taux d’emploi atteint 5,1 % après majoration, soit +0,2 point en un an. Le taux d’atteinte de l’obligation progresse également pour atteindre 92 %, un niveau jamais observé depuis la réforme de 2020.

Cette dynamique positive se retrouve dans les dispositifs d’accompagnement : les maintiens dans l’emploi et  les Entreprises Adaptées et l’emploi accompagné poursuivent leur expansion.

2. Un marché du travail encore très défavorable

En parallèle, la situation des demandeurs d’emploi handicapés reste préoccupante. Le taux de chômage se maintient à 12 %, malgré une activité économique ralentie. Le nombre de DEBOE inscrits à France Travail augmente fortement (+5,9 %), notamment sous l’effet de la hausse du nombre de personnes reconnues handicapées et de l’obligation d’inscription introduite par la loi « plein emploi ».

L’accès à l’emploi demeure difficile : seuls 32 % accèdent à un emploi dans les six mois, contre 53 % pour les autres publics.

3. Formation et transitions : un point noir majeur

La chute des entrées en formation (-15 %) représente l’un des signaux les plus préoccupants. Alors que la formation est clé pour sécuriser les parcours, seulement 39 % des stagiaires BOE trouvent un emploi dans les six mois suivant leur formation, un taux nettement inférieur à la moyenne générale.

4. Des disparités fortes entre secteurs et entreprises

Les grandes entreprises atteignent ou dépassent leur obligation, tandis que 38 % des entreprises de 20 à 49 salariés n’emploient aucun bénéficiaire. Sectoriellement, les écarts restent importants : les services aux entreprises et l’information-communication sont en difficulté, quand les secteurs du transport ou de la santé dépassent largement les exigences réglementaires.

5. Le rôle stratégique des EA et des EATT

Les Entreprises Adaptées, les CDD Tremplin et les EATT jouent un rôle essentiel pour sécuriser les parcours des personnes les plus éloignées de l’emploi. En 2024, 832 Entreprises Adaptées emploient près de 42 000 salariés handicapés, et 30 EATT contribuent à fluidifier les transitions professionnelles. Leur stabilisation et leur montée en puissance sont des atouts essentiels dans le paysage de l’inclusion.

Conclusion : une dynamique réelle, mais à consolider

Si les chiffres de la DARES et de l’Agefiph montrent une progression indéniable de l’emploi des personnes en situation de handicap, ils illustrent aussi la nécessité de renforcer la formation, de soutenir les transitions vers l’emploi durable et de mieux accompagner les petites entreprises. Les Entreprises Adaptées, les EATT et l’ensemble des dispositifs d’accompagnement demeurent des leviers essentiels pour sécuriser les parcours des personnes les plus éloignées de l’emploi.

Mais au regard de la situation actuelle, une réflexion plus structurelle pourrait s’avérer nécessaire. Les demandeurs d’emploi bénéficiaires de l’obligation d’emploi représentent désormais plus de 9 % de l’ensemble des demandeurs d’emploi, quand l’obligation légale repose toujours sur un taux fixé à 6 %. Cet écart persistant interroge l’efficacité collective du dispositif à résorber le chômage des personnes handicapées.

Dans ce contexte, il pourrait être pertinent d’activer la clause de revoyure prévue dans la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, afin d’ouvrir des discussions sur un éventuel réajustement ou une adaptation du taux d’obligation. Sans préjuger de son évolution, l’enjeu serait au minimum d’engager un dialogue constructif pour aligner l’obligation d’emploi sur la réalité des besoins et contribuer plus efficacement à la réduction du nombre de demandeurs d’emploi en situation de handicap.

Ressources

dares_dr_oeth_2024 (Pdf, 399.31 KB)
agefiph_tb_sem01-2025 (Pdf, 5.24 MB)